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Hineria
14 mai 2008

La guerre contre les journalistes menée par les États-Unis

Par Amy Goodman, Alternet

Après avoir été emprisonné par l'armée US pendant plus de six ans, Sami al-Haj est aujourd'hui un homme libre. Son crime: le journalisme.

Visant les journalistes, l'administration Bush s'est engagée dans un assaut direct d'intimidation, d'emprisonnement et dans un black-out de l'information afin de limiter la capacité des journalistes à faire leur job. La principale cible de ces sept dernières années a été Al-Jazira, la chaîne de télévision arabe basée à Doha, au Qatar.

En Novembre 2001, malgré le fait qu'Al-Jazira ait donné à l'armée US les coordonnées de son bureau à Kaboul, des avions de guerre US ont bombardé le bureau d'Al-Jazira et ils l'ont détruit. Un reporter d''Al-Jazira couvrant la rencontre de George Bush et de Vladimir Poutine à Crawford, au Texas, a été arrêté dans le même mois par le FBI parce que sa carte de crédit était « liée à l'Afghanistan. » Au printemps 2003, les États-Unis ont largué quatre bombes sur l'hôtel Sheraton de Bassora, en Iraq, là où les correspondants d'Al-Jazira, qui étaient les seuls journalistes à faire des reportages depuis cette ville, étaient les seuls invités. Un autre employé d'Al-Jazira a montré sa carte d'identité à un soldat de l'armée US à un poste de contrôle de Bagdad, pour ensuite voir sa voiture être la cible des tires des soldats de cette armée. Il s'en est tiré indemne. On ne peut pas en dire autant de Tareq Ayyoub, un reporter d'Al-Jazira qui se trouvait sur le toit de l'édifice à bureau de la chaîne à Bagdad le 8 avril 2003, date à laquelle un avion de guerre US l'a mitraillé. Il a été tué. Sa veuve, Dima Tahboub, m'a dit: « La haine engendre la haine. Les États-Unis ont dit qu'ils faisaient cela pour mettre en déroute le terrorisme. Mais qui est maintenant engagé dans le terrorisme? »

Il y a aussi l'histoire de Sami al-Haj. Un cameraman à l'emploi d'Al-Jazira qui tournait un reportage sur l'invasion US de l'Afghanistan. Le 15 décembre 2001, alors qu'il était dans une ville pakistanaise près de la frontière afghane, Haj a été arrêté, puis emprisonné en Afghanistan. Six mois plus tard, enchaîné et bâillonné, il a été transporté par avion à la prison US de Guantanamo Bay. Haj a été détenu pendant près de six ans; il a été interrogé à maintes reprises et il n'a jamais été accusé d'un quelconque crime et il n'est jamais été présenté devant un tribunal. Il a participé à une grève de la faim pendant plus d'un an, mais il a été nourri de force par ses geôliers par un tube d'alimentation qu'on lui passait par le nez jusqu'à son estomac. Haj a été soudainement libéré cette semaine. Le gouvernement US a annoncé qu'il était transféré aux mains des autorités du Soudan, son pays natal, et le gouvernement du Soudan n'a pris aucune action contre lui. Il a été transporté d'urgence à une salle d'urgence et il a été vu sur son ancienne chaîne, Al-Jazira:

« Je suis très heureux d'être au Soudan, mais je suis très triste en raison de la situation de nos frères qui demeurent toujours à Guantanamo. Les conditions à Guantanamo sont très, très mauvaises et elles s'aggravent de jour en jour. Notre condition humaine et notre dignité humaine ont été violées et l'administration US outrepassait toutes les valeurs humaines, toutes les valeurs morales et toutes les valeurs religieuses. À Guantanamo, il y a des animaux qui sont appelés des iguanes, que les rats traitent avec plus d'humanité. Mais il y a là des personnes de plus de 50 pays qui sont complètement privées de tous les droits et les privilèges et à qui on ne donne même pas les droits que l'on donne aux animaux. » Il a décrit la profanation du Coran dans le cadre des efforts visant à le briser: « Ils méprisent le Coran, ils en ont détruit à plusieurs reprises et ils posaient leurs pieds sales sur lui. Ils s'assoyaient également sur le Coran tout en essayant de nous mettre en colère. À plusieurs reprises ils ont commis des violations contre notre dignité et nos organes génitaux. » Au moins, un fonctionnaire du Département de la Défense a laissé tomber les accusations.

Asim al-Haj, le frère de Sami, m'a dit dans une interview en janvier dernier concernant les 130 interrogatoires: « Au cours de cette période, tous les interrogatoires portaient sur Al-Jazira et sur une prétendue relation entre Al-Jazira et Al-Qaïda. Ils ont essayé de l'inciter à espionner ses collègues d'Al-Jazira. »

Selon le Comité pour la protection des journalistes, 10 journalistes ont été détenus pendant de longues périodes par l'armée des États-Unis, puis remis en liberté sans inculpation. Il y a quelques semaines en Irak, l'armée US a relâché Bilal Hussein, un photographe de l'Associated Press à qui a été décerné le prix Pulitzer et ce, après l'avoir détenu sans inculpation pendant deux ans. Une fois les militaires ont accusé Hussein d'être un « terroriste opérant dans les médias et qui s'est infiltré chez Associated Press. »

Le Comité indique que 127 journalistes et 50 autres employés des médias ont été tués en Iraq depuis 2003, soit bien au-delà de deux fois le nombre de [journalistes] tués pendant la Seconde Guerre Mondiale. Nous devons rappeler ceci à l'administration Bush: Ne tirez pas sur le messager.

Traduit par Dany Quirion pour Alter Info

Source :
http://www.alternet.org/waroniraq/84848/ 

Dimanche 11 Mai 2008
danyquirion@videotron.ca

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