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Hineria
18 mai 2008

La crise alimentaire est-elle réelle ou s'agit-il d'une « conspiration? »

« Contrôlez le pétrole et vous contrôlerez les nations, contrôlez la nourriture et vous contrôlez la population. » Henry Kissinger (1970)

Je connais cette phrase de Kissinger depuis bon nombre d'années. Je confesse que, jusqu'à présent, je n'y avais pas donné beaucoup d'importance. Elle est pourtant d'une vérité absolue, presque un axiome, qui pourrait devenir une terrible réalité.

Par Eduardo Dimas, Progreso.com

La crise alimentaire est réelle. Le prix des denrées alimentaires monte et monte. Les réserves diminuent. Il en va de même avec le pétrole qui place de nombreuses nations et les peuples qui ne produisent pas de nourriture ou de pétrole dans une situation désespérée. Est-ce le résultat d'une série d'événements attribuables à des hasards qui surviennent en même temps, ou est-ce le résultat d'un plan visant à dominer le monde?

Si l'on se fie aux paroles de Kissinger, il semble bien que ce ne soit pas le fruit du hasard. Par conséquent, il faut se poser d'autres questions. Est-ce que l'idée d'augmenter la production d'éthanol (lancée par George W. Bush en Mars 2007) en utilisant le maïs et les autres céréales de base destinées à l'alimentation humaine et animale est également une coïncidence?

Il est bien connu que pour produire 1 litre d'éthanol destiné à alimenter les moteurs des voitures, il faut dépenser 1,2 litres de mazout. Autrement dit, il faut dépenser plus de carburant que ce qu'il sera produit en carburant. Le simple fait que l'éthanol soit devenu une bonne affaire pour la famille Bush et ses acolytes de même que pour les oligarchies de plusieurs pays, n'est-il pas en soi suffisant pour voir dans ces gestes une volonté de provoquer une grande pénurie de nourriture?

Est-ce par hasard que les grandes entreprises dans le commerce des aliments ainsi que de nombreux investisseurs se soient mis à spéculer sur le prix du grain, tout en sachant si bien que la spéculation peut entraîner la mort de millions d'êtres humains? Selon les Nations Unies, toutes les cinq secondes, un enfant meurt de faim ou de maladies associées à la malnutrition.

Était-ce une pure coïncidence que le Fonds monétaire international (FMI), que la Banque mondiale (BM) et que l'Organisation mondiale du commerce (OMC) aient fait la promotion, dans ce que l'on appelle le Tiers monde, de la production de denrées alimentaires pour des fins d'exportation, plutôt que de pourvoir à la production de produits alimentaires qui puisse garantir de la nourriture aux personnes qui la cultive? Ce faisant, les pays les plus pauvres ont été mis à la merci des prix du marché mondial.

À présent, 78 nations en Asie, en Afrique, en Amérique latine et dans les Caraïbes ont un déficit dans leurs réserves de produits alimentaires de base en raison des prix élevés des produits alimentaires et de l'abandon des cultures traditionnelles.

Pour 37 de ces pays, la situation est particulièrement difficile. Il y a déjà eu des manifestations et du pillage d'épiceries et de supermarchés, de même que de la répression et des morts. De peur que vous ne l'ayez oublié : la faim est le pire des conseillers.

Certains pays doivent rationner le riz et d'autres, le maïs et le blé. Les grands producteurs asiatiques de riz, tels que la Thaïlande et le Vietnam, ont réduit leurs exportations afin de pouvoir nourrir leurs propres populations. Environ 43% de la production de maïs est utilisée à l'alimentation animale. Les experts disent qu'environ 20% des récoltes mondiales de maïs seront utilisées pour produire de l'éthanol. Que reste-t-il pour les êtres humains?

Est-ce accidentel ou est-ce le résultat d'un plan visant à dominer les nations par la faim? Le riz est l'aliment de base de 3 milliards de personnes. Le maïs est l'aliment de base pour environ 600 millions de personnes et il en est pareillement du blé, pour des centaines de millions de personnes. Au Pérou, l'armée cuisine des pains de pommes de terre afin d'essayer de réduire la demande pour le blé parmi la population.

En Haïti, un mélange de boue avec du sel et de l'huile végétale est maintenant devenu l'aliment de base de centaines de milliers de personnes. La boue n'est pas gratuite. Il en coûte 5 cents un biscuit et elle cause des douleurs abdominales et transporte des parasites et d'autres maladies.

Haïti, est l'un des pays les plus pauvres au monde qui produisait presque tout le riz dont il avait besoin avant que soient introduites les règles néolibérales du FMI et de la Banque mondiale. Annuellement, Haïti a besoin de 400,000 tonnes de riz. Haïti en produit à peine 40,000 et le reste doit être importé. Au prix actuel, il n'est pas étonnant que ses habitants en soient rendus à manger des biscuits de boue.

Les grands pays producteurs d'aliments tels que les États-Unis et l'Union européenne de même que le Brésil prétendent que la pénurie de céréales est causée par une augmentation de la consommation en Chine, en Inde et dans d'autres pays asiatiques. Il ne fait aucun doute que ce phénomène peut engendrer une légère augmentation des prix. Mais s'il est ainsi pour eux, alors qu'en est-il de la production d'éthanol? Il s'agit ici aussi de nourriture qui dorénavant ne servira plus à nourrir des millions d'êtres humains.

Aussi, il est vrai que les prix du pétrole ont également une incidence sur les coûts de production et de transport des denrées alimentaires. Mais qui est à blâmer de l'instabilité des marchés [du pétrole] qui par ailleurs sont liés par l'instabilité en Iraq, par les menaces faites au Venezuela et d'une attaque éventuelle contre l'Iran et qui, finalement, engendre la spéculation? Quel est dont ce pays qui compte moins de 5 % de la population mondiale et qui consomme chaque jour environ 25 % du pétrole que le monde est en mesure de produire?

Si jamais l'Iran devait être attaqué, le prix du pétrole pourrait atteindre les 200 $ US le baril, un prix insoutenable, même pour la plupart des pays développés et qui serait une véritable tragédie pour les pays pauvres. Certains pays, comme la République Dominicaine, le Nicaragua, le Honduras et l'El Salvador connaissent déjà de graves difficultés en matière de carburant et de nourriture, malgré toute l'aide généreuse donnée par le gouvernement du Venezuela.

Le récent Sommet Alimentaire qui s'est tenue à Managua, convoqué par les gouvernements de l'Alternative bolivarienne pour les Amériques (ALBA) et auquel ont participé les représentants de 12 pays, incluant certains présidents, avait pour but d'unir tous les efforts pour faire face à la crise alimentaire qui assaillent l'humanité.

Pour la plupart des participants, la cause de la crise alimentaire réside dans la répartition inégale des richesses à travers le monde et par-dessus tout, sur le modèle économique néolibéral imposé par certains pays développés et qui furent imposé au reste du monde au cours des 20 dernières années.

Bien sûr, tout le monde n'est pas d'accord. Le Président Oscar Arias du Costa Rica a pris ses distances, puisqu'il est un fervent du « libre-échange. » Le Mexique et l'El Salvador ont également pris leurs distances à la suite d'une série de propositions faites par la délégation vénézuélienne qui ont été ajoutées en addenda à la Déclaration Finale.

Parmi les propositions du Venezuela on retrouvait l'idée de créer une Banque de produits agricoles qui permettrait de réduire les coûts des petits et moyens producteurs et qui permettrait également d'allouer 100 millions de dollars par l'intermédiaire de la Banque d'Alba [ndt : autrement dit la Banque du Sud] pour financer des projets agricoles. Aussi, parmi les propositions, on retrouvait l'idée de créer un plan « Petrocaribe » (1) pour financer la production de produits alimentaires.

Jusqu'à présent, une prise de conscience s'est faite au sujet de la gravité de la situation alimentaire et des mesures urgentes qui doivent être prises afin que la nourriture ne devienne pas une arme de guerre, du moins en Amérique latine. En réalité, l'alimentation est déjà devenue une arme de guerre dans de nombreuses régions du monde.

Il faut à tout le moins être en garde contre les grandes entreprises qui produisent et qui font le commerce des produits alimentaires. Pareillement face aux entreprises qui produisent des semences transgéniques et qui imposent leurs produits partout dans le monde, au détriment des variétés naturelles. Elles sont déjà présentes dans de nombreux pays de l'Amérique latine et dans les Caraïbes.

Les semences transgéniques rendre l'agriculteur totalement dépendant de l'entreprise qui les produit. Année après année, l'agriculteur doit acheter les semences, les engrais et les insecticides. En Inde, 150,000 producteurs de coton se sont suicidés parce qu'ils ne pouvaient pas payer leurs dettes envers les multinationales.

Il est aujourd'hui donné aux entreprises multinationales de contrôler l'approvisionnement alimentaire et par conséquent, le peuple et ce, tel que le souhaitait Henry Kissinger. Dans un document secret qui porte pour nom « Le Mémorandum concernant l'études sur la sécurité nationale (NSSM 200), » Kissinger a dessiné un plan d'action concernant la population mondiale, visant à la contrôler et à la réduire de centaines de millions de personnes en utilisant les denrées alimentaires.

Kissinger souhaitait réorganiser le marché mondial de l'alimentation, à détruire les fermes familiales et à les remplacer avec de grandes « haciendas » et des usines dirigées par la grande entreprise multinationale. Quelque chose semblable à cela s'est réalisée depuis le début des années 1990 au Mexique et dans d'autres pays d'Amérique latine. Ne pensez-vous pas qu'il est temps de prendre les moyens pour y mettre fin? Je vous laisse le soin de répondre.

Traduit par Dany Quirion pour Alter Info

Source :
http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=8993

NDT : (1) PetroCaraibe : Il s'agit d'une alliance entre les pays des Caraïbes et le Venezuela leur permettant d´acheter le pétrole de ce dernier à des conditions de payement préférentielles. Cette alliance a été créée en juin 2005.


Vendredi 16 Mai 2008
danyquirion@videotron.ca

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