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Hineria
18 mai 2008

Objectif : sauvez les Juifs d'eux-mêmes

Oubliez la solution à deux Etats

Saree Makdisi

Los Angeles Times, 11 mai 2008

www.latimes.com/news/opinion/la-op-makdisi11-2008may11,0,7862060.story

Il n’y a plus de solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien. Oubliez les discussions interminables pour savoir qui a offert quoi, qui a repoussé quoi et si le processus de paix d’Oslo est mort lorsque Yasser Arafat a quitté la table des négociations ou si c’est la balade d’Ariel Sharon passant par la mosquée Al Aqsa à Jérusalem qui en fut la cause.

Tout ce qui compte, ce sont les réalités du terrain – la plus importante étant qu’après quatre décennies de colonisation juive intensive dans les territoires palestiniens conquis pendant la guerre de 1967, Israël a irréversiblement cimenté son emprise sur la terre où un Etat palestinien aurait pu être créé.

Soixante ans après la création d’Israël et la destruction de la Palestine, nous revoilà au point d’où nous sommes partis : deux populations habitant un bout de terre. Et si la terre ne peut être divisée, elle doit être partagée. Equitablement.

Je me rends bien compte qu’il s’agit là d’une position susceptible de prendre de court beaucoup d’Américains. Après tant d’années passée à poursuivre une solution à deux Etats et avec peut-être le sentiment que le conflit avait presque été résolu, il est dur d’en abandonner l’idée, jugée impraticable.

Mais impraticable, elle l’est bel et bien. Un rapport publié l’été dernier par le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires avait établi que près de 40% de la Cisjordanie étaient maintenant absorbés par l’infrastructure israélienne – routes, colonies, bases militaires et ainsi de suite – et pour une large part inaccessibles aux Palestiniens. Israël a méthodiquement brisé ce qui reste des territoires en dizaines d’enclaves séparées les unes des autres et du monde extérieur par des zones qu’il est seul à contrôler (en ce compris, et selon le dernier décompte, les 612 checkpoints et barrages).

En outre, selon ce même rapport, la population des colons juifs dans les territoires occupés, qui approche déjà le demi million, continue non seulement de croître mais de croître à un rythme trois fois plus élevé que le taux d’accroissement de la population d’Israël. Si le rythme actuel se maintient, la population de colons doublera pour atteindre presque 1 million dans juste 12 ans. Beaucoup d’entre eux sont lourdement armés et menés par l’idéologie, et il y a peu de chances qu’ils quittent volontairement une terre qu’ils ont déclarée leur avoir été donnée par Dieu en tant que foyer.

A eux seuls, ces faits confèrent au processus de paix un statut académique.

A aucun moment depuis que les négociations ont débuté au début des années 1990, Israël n’a significativement suspendu le processus de colonisation dans les territoires palestiniens occupés, en violation flagrante du droit international. Israël était allé au devant du sommet d’Annapolis du mois de novembre en annonçant une nouvelle expropriation de propriétés palestiniennes en Cisjordanie ; il avait fait suivre le sommet par l’annonce de l’expansion de sa colonie de Har Homa par la construction de 307 nouvelles unités de logement ; et il en a depuis lors annoncé des centaines d’autres en projet dans d’autres colonies.

Les Israéliens ne colonisent pas les territoires occupés par manque de place en Israël même. Ils colonisent le pays à cause d’une vieille croyance selon laquelle les Juifs y auraient droit par la seule vertu d’être juifs. « La terre d’Israël appartient à la nation d’Israël et uniquement à la nation d’Israël », déclare Moledet, un des partis du bloc de l’Union Nationale qui dispose d’une représentation considérable au Parlement israélien.

La position de Moledet n’est pas si éloignée de celle du Premier ministre Ehoud Olmert que certains Israéliens le prétendent. Bien qu’Olmert déclare croire en théorie qu’Israël devrait abandonner les parties de la Cisjordanie et de Gaza densément habitées par des Palestiniens, il a aussi dit, en 2006, que « chaque colline de Samarie, chaque vallée de Judée fait partie de notre patrie historique » et que « nous restons fermement attachés au droit historique du peuple d’Israël sur la totalité de la terre d’Israël ».

Judée et Samarie : ces anciennes appellations bibliques sont encore utilisées par les représentants israéliens pour parler de la Cisjordanie. Plus de 10 ans après le début du processus de paix d’Oslo, qui était censé conduire à une solution à deux Etats, les cartes de manuels scolaires israéliens continuaient d’indiquer non pas la Cisjordanie mais la Judée et la Samarie, et non pas comme territoires occupés mais comme parties intégrantes d’Israël.

Quelle place y a-t-il pour les Palestiniens dans cette vision selon laquelle cette terre revient de droit aux Juifs ? Aucune. Ils sont vus, au mieux, comme un « problème » démographique.

L’idée que les Palestiniens sont un « problème » n’est pas vraiment nouvelle. Israël a été créé comme Etat juif en 1948 uniquement grâce au déplacement forcé et prémédité de la plus grande part possible de la population palestinienne autochtone, dans ce que les Palestiniens appellent la Nakba, ou catastrophe, et qu’ils commémorent cette semaine.

Un Etat juif, dit l’historien israélien Benny Morris, « n’aurait pas vu le jour sans le déracinement de 700 000 Palestiniens. … Il n’y avait pas d’autre choix que d’expulser cette population. » Pour Morris, il s’agissait de l’une de ces « circonstances dans l’histoire qui justifient un nettoyage ethnique. »

Cette idée que les Palestiniens sont un « problème » à évacuer est antérieure à 1948. Elle était là dès le moment où le mouvement sioniste a mis en marche le projet de faire un Etat juif sur une terre qui, en 1917 – lorsque l’empire britannique a officiellement avalisé le sionisme – avait une population essentiellement non juive. Le seul membre juif du gouvernement britannique de l’époque, Edwin Montagu, s’opposait avec véhémence au projet sioniste qu’il jugeait injuste. Henry King et Charles Crane, dépêchés en mission d’information en Palestine par le Président Wilson, étaient du même avis. Un tel projet requérrait une énorme violence, avertissaient-ils : « Des décisions, dont l’exécution nécessite des armées, sont parfois nécessaires, mais elles ne doivent assurément pas être prises gratuitement au bénéfice d’une grave injustice. »

Elles l’ont pourtant été. Il s’agit d’un conflit commandé dès son origine par le sentiment exclusif du sionisme de disposer d’un droit sur cette terre. Y a-t-il eu aussi une violence palestinienne ? Oui. Est-elle toujours justifiée ? Non. Mais que feriez-vous si quelqu'un vous disait qu’il n’y a pas de place pour vous sur votre propre terre, que votre existence même est un « problème » ? Aucun peuple dans l’histoire n’a jamais vidé les lieux simplement parce qu’un autre peuple le souhaitait, et les sentiments de Crazy Horse et de Sitting Bull sont bien vivants chez les Palestiniens aujourd’hui encore.

La violence ne prendra fin et une paix juste ne viendra que lorsque chaque côté réalisera que l’autre est là pour rester. Beaucoup de Palestiniens ont accepté cette prémisse et un nombre croissant d’entre eux sont disposés à renoncer à l’idée d’un Etat palestinien indépendant pour embrasser à sa place le concept d’un Etat unique, démocratique, laïc et multiculturel qu’ils partageraient de manière équitable avec les Juifs israéliens.

La plupart des Israéliens ne se sont pas encore faits à cette idée. Certains, à n’en pas douter, répugnent à abandonner l’idée d’un « Etat juif », à reconnaître cette réalité qu’Israël n’a jamais été exclusivement juif et que, dès le départ, l’idée de privilégier les membres d’un groupe sur tous les autres citoyens est fondamentalement non démocratique et injuste.

C’est pourtant exactement ce que fait Israël, même parmi ses citoyens : la loi israélienne octroie aux Juifs des droits qu’elle refuse aux non juifs. Même avec le plus grand effort d’imagination, Israël n’est pas une véritable démocratie : c’est un Etat à exclusivité ethno-religieuse, qui a cherché à défier l’histoire multiculturelle de la terre sur laquelle il s’est établi.

Pour résoudre le conflit avec les Palestiniens, les Juifs israéliens devront renoncer à leurs privilèges exclusifs et reconnaître le droit au retour des Palestiniens chassés de leurs maisons. Ce qu’ils obtiendraient en retour, c’est la capacité de vivre en sécurité et de prospérer avec – plutôt que de lutter contre – les Palestiniens.

Il se pourrait qu’ils n’aient pas le choix. Olmert lui-même mettait en garde : de plus en plus de Palestiniens sont en train de déplacer leur combat, passant de la lutte pour un Etat indépendant à une lutte de type sud-africain réclamant des droits égaux pour tous les citoyens, sans considération de religion, au sein d’un seul Etat. « C’est bien sûr », notait-il, « un combat plus net, beaucoup plus populaire, et au bout du compte, beaucoup plus puissant. »

Je ne pourrais être plus d’accord.

* Saree Makdisi est professeur d’anglais et de littérature comparée à l’UCLA et l’auteur de « Palestine Inside Out: An Everyday Occupation », qui sort ce mois-ci chez W.W. Norton.

(Traduction de l’anglais : Michel Ghys)

Samedi 17 Mai 2008

« Haaretz » publie pour la première fois des extraits de carnets intimes de Judah Leon Magnes, le leader sioniste qui chercha à faire échec à la création de l’Etat.

Ofri Ilani

Haaretz, 5 mai 2008

www.haaretz.co.il/hasite/spages/980762.html  

Version anglaise (très partielle) : 1948 diaries: Saving the Jews from themselves - www.haaretz.com/hasen/spages/980577.html

L’examen médical réalisé par le Dr Ehrenfels sur Judah Leon Magnes, le président de l’Université Hébraïque, avait montré que son état de santé était encore fragile mais en équilibre. La date : 13 avril 1948. Magnes, un homme de 70 ans, malade, sait que sa maladie aura bientôt raison de lui. Malgré cela, il décide de prendre d’urgence l’avion pour New York, et de là à la Maison Blanche à Washington, afin d’arrêter la guerre qui fait rage dans le pays. Il ne représente quasiment personne en dehors d’un groupe de professeurs pacifistes, mais il a ses entrées et de l’influence au sommet de l’administration américaine. Les extraits de son journal, publiés ici pour la première fois, mettent en lumière un des chapitres oubliés de l’époque de la guerre d’Indépendance : le voyage du leader sioniste qui chercha à convaincre le Président des Etats-Unis d’imposer un cessez-le-feu et d’empêcher la mise en œuvre du Plan de Partage et la création de l’Etat juif.

Lorsque le 29 novembre 1947, la décision du partage a été prise, tout le yishouv juif n’est pas descendu dans les rues pour faire la fête. Un groupe d’intellectuels, professeurs à l’Université Hébraïque pour la plupart, était convaincu que la guerre qui éclaterait à la suite de la création de l’Etat juif amènerait une catastrophe pour les Arabes comme pour les Juifs. Judah Magnes, fondateur et chancelier de l’Université Hébraïque, était un rabbin réformé, pacifiste et anti-impérialiste, connu entre autres pour son opposition à la première Guerre Mondiale. En même temps, c’était un des dirigeants sionistes les plus importants de son temps, un des fondateurs de la communauté juive de New York, et un des principaux intermédiaires entre la direction sioniste et l’administration américaine. Depuis son immigration en Palestine en 1922, il a soutenu la création d’un Etat unique, binational, pour les Juifs et pour les Arabes, avec un gouvernement composé de représentants des deux peuples.

Disciple de Gandhi et de Jérémie

Ecrits en anglais, les carnets personnels de Magnes sont conservés dans les archives centrales pour l’histoire du peuple juif à Jérusalem. Il y décrit le désespoir suscité par la guerre civile dans les territoires d’un Mandat britannique approchant de son terme. Les événements de la politique et de la guerre se mêlent à l’aggravation de sa maladie. Il raconte son sommeil troublé et ses cauchemars.

« A la différence d’autres dirigeants sionistes, comme Ben Gourion, les journaux de Magnes ne constituent pas seulement un document politique », dit le professeur Aryeh Goren, de l’Université Hébraïque, qui a étudié et édité les écrits de Magnes. « Son écriture est très personnelle – il s’épanche et parle de ses doutes et de ses faiblesses. »

Magnes se considérait comme un disciple du Mahatma Gandhi et du prophète Jérémie, et il s’opposait à toute espèce de nationalisme fondé sur la force militaire. L’association « Ihoud » qu’il fonda avec quelques-uns de ses amis, est tenue pour le symbole de la gauche du camp sioniste pour tout ce qui concerne les relations avec les Arabes. Ses membres ont été attaqués par à peu près tous les partis au sein du yishouv, et traités de défaitistes, attachés à la mentalité de l’exil, et d’antipatriotes.

« Magnes prédisait que même si nous gagnions la guerre, il y aurait encore une guerre après, et une autre encore. Qu’il n’y aurait pas de fin à cela », dit le professeur Goren. « Lorsqu’ont débuté les combats de la guerre d’Indépendance, il a tenté d’arrêter la mise en œuvre de la résolution de l’ONU et de promouvoir l’idée, initiée alors par le Département d’Etat américain, que l’ONU gèle la résolution du partage et impose en attendant aux deux parties un ‘régime de tutelle’ avec un gouvernement provisoire jusqu’à l’obtention d’un accord sur les conditions d’un autre règlement. Magnes pensait que c’était le moment d’arrêter le cours des événements, avec l’espoir que s’établisse dans l’intervalle une certaine compréhension et la possibilité de se parler. »

Le 12 avril, il écrit dans son journal : « Cela fait maintenant plus que le temps d’une génération que je prêche la paix, la conciliation et la compréhension. Comment pourrais-je ne pas me dresser face au monde pour dire : ‘Les amis, arrêtez les effusions de sang. L’entente est possible.’ Cela fait des années que j’attends ce moment. » Le consul américain lui dit que si un régime de tutelle n’est pas instauré avant le 15 mai, la Palestine entrera dans une période « pleine de dangers et d’effusions de sang ». « Il faut une approche courageuse et constructive comme la mienne », écrit Magnes. « Le temps est venu – seul ou avec d’autres, je me rendrai aux Etats-Unis pour délivrer ce message. » Il espérait que si un Etat était proclamé, les Etats-Unis imposeraient des sanctions à tout Israël. « Une guerre ne peut se mener sans argent ni munitions », avait-il déclaré à ses sympathisants, aux Etats-Unis.

Le 13 avril, dans l’après-midi, Magnes, encore endormi, est contacté par le brigadier Jones, commandant britannique du secteur de l’Université Hébraïque, qui lui annonce que 34 employés de l’Université et de l’hôpital Hadassah, dont le directeur de l’hôpital, le Dr Haïm Yasky, ont été tués dans l’attaque d’un convoi qui se rendait au mont Scopus. En fin de compte, il était apparu que 77 personnes avaient été tuées dans l’attaque – beaucoup étaient des amis de Magnes. Pas moins que par ce massacre, Magnes est profondément secoué par les circonstances qui y ont abouti : quatre jours plus tôt, le 9 avril, avait eu lieu le massacre dans le village de Deir Yassin, où plus de cent Palestiniens avaient été tués par des membres de l’Irgoun et du Lehi. Lors des funérailles des victimes du convoi, Magnes fait le lien entre les deux événements et condamne « les actes de cruauté que les deux côtés ont perpétrés dans le pays, ces derniers jours ». Il est dénoncé comme traître par beaucoup au sein du yishouv, y compris par des professeurs de l’Université qu’il dirige.

« A la fin, nous perdrons »

Comme il désespère des chances d’un changement politique au sein du yishouv, sa position se renforce dans le sens que seule l’Amérique pourra sauver les Juifs d’eux-mêmes. « Je vais à New York avec l’espoir que je pourrai contribuer à la paix de Jérusalem », écrivait-il. « Nous avons besoin de l’autorité et du pouvoir du Conseil de Sécurité pour que nous déposions les armes ». Selon Aryeh Goren, « Magnes redoutait que ce qui s’était passé dans le quartier de Cheikh Jarah [l’attaque du convoi se rendant à Hadassah - ndt] n’arrive à tous les Juifs du pays. Dans ses lettres, il exprime la crainte d’une destruction de Jérusalem ».

Accompagné de son épouse, Béatrice, et du médecin qui le soignait, Magnes se rend à l’aéroport de Lod. Le consulat américain, qui avait organisé le voyage en avion, redoutait aussi ce trajet : la route vers l’aéroport étant exposée aux tirs des snipers, ils passèrent par la ville de Rehovot. Magnes atterrit aux Etats-Unis et entreprend une série de rencontres avec des diplomates et avec des dirigeants juifs. Il présente son plan : « Une majorité significative de Juifs diront que si on les autorise seulement à immigrer et à construire pendant encore 30 ou 40 ans, ils n’ont pas besoin d’un Etat », déclare-t-il au cours d’une assemblée à New York. « Un Etat, il ne sera possible de l’obtenir que par une guerre, et une guerre ne construit rien… Nous pouvons ‘prendre’ Haïfa, Tibériade, Jaffa et encore beaucoup d’autres endroits dans le pays, mais nous serons comme les Allemands – à la fin, nous perdrons la guerre. »

Magnes soutenait qu’ « il y a des millions et des millions de musulmans dans le monde, et ils ne sont pas pressés par le temps… Des millions et des millions d’Arabes sont prêts à sacrifier leur vie – dont ils font relativement bon marché – face au nombre misérable de Juifs qui restent dans le monde ».

Le 4 mai, alors que dans le Goush Etzion et dans la région du lac de Tibériade les combats s’intensifient, Magnes rencontre George Marshall, Secrétaire d’Etat américain. « Une solution au problème de la Palestine n’est possible que si les Arabes et les Juifs sont amenés à se rencontrer afin d’œuvrer à leur salut. Un régime de tutelle leur fournira cette opportunité », dit-il à Marshall.

Marshal manifeste son enthousiasme pour les idées de Magnes, mais accompagne ce dernier jusqu’à la sortie. Près de la porte, Magnes demande à Marshall : « Monsieur le Secrétaire d’Etat, j’aimerais vous poser une question directe : y a-t-il un espoir d’imposer un régime de tutelle ? » Marshall lui répond d’une manière hésitante. « Les Etats-Unis ont proposé de participer à une force militaire internationale pour la Palestine, mais aucun pays ne s’est joint à la proposition ».

Un gentleman américain

Le lendemain, il rencontre le Président des Etats-Unis, Harry Truman. Magnes lui dit qu’ « il restait encore quelques jours jusqu’au 15 mai » (date de la fin du mandat britannique – O. Ilani). Truman lui fait une réponse vague. Il pense que les trois religions monothéistes ont des principes moraux communs. Si toutes trois parviennent à l’entente, la base spirituelle du communisme russe s’effondrera. Mais, selon Truman, la direction juive a refusé son plan de paix. « Les Juifs ont refusé ma proposition », dit Truman à Magnes. « Vous, les Juifs et les Arabes, vous gâchez tout ».

Au cours des dix jours qui suivent, la lutte fait rage entre les gens de Haim Weizman, qui demandent à l’administration de reconnaître l’Etat d’Israël qui sera créé, et les partisans du « régime de tutelle ». Le 14 mai, soit le jour où Ben Gourion proclame l’Indépendance, Magnes, malade, était allongé dans sa chambre d’hôtel. Les Etats-Unis, sur lesquels il avait fondé ses espoirs, se sont empressés de reconnaître le nouvel Etat. D’après Aryeh Goren, lorsque Magnes a appris la nouvelle de la création de l’Etat, il s’est rendu avec son fils à l’hôtel « Waldorf Astoria » où résidait Haim Weizman, son adversaire politique. Il est entré dans la chambre de Weizman et lui a serré la main, pour le féliciter de son succès. « Magnes était un gentleman américain », dit Aryeh Goren. « Ayant perdu, il est allé féliciter Weizman ».

Moins de cinq mois plus tard, Magnes décédait aux Etats-Unis. Pour Aryeh Goren, « il ne fait pas de doute que son voyage en Amérique a précipité son décès ». Ses restes ont été transférés à Jérusalem, dans le quartier de la Sanhédria. Aryeh Goren dit sa désolation de ce que dans l’Israël d’aujourd’hui, la figure de Magnes soit quasiment oubliée, en dehors des presses universitaires qui portent son nom.

(Traduction de l'hébreu : Michel Ghys)

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