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Hineria
17 septembre 2007

Syrie : Le raid israélien était-il une répétition pour une attaque contre l'Iran ?

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Un mystère entoure l'incursion aérienne de la semaine dernière en territoire syrien. Le rédacteur en chef de la rubrique affaires étrangères de The Observer essaie de dévoiler la vérité derrière "l'Opération Orchidée" et les allégations de dissimulation nucléaire.

Le Véritable AXE du Terrorisme Mondial

Le chef de l'armée de l'air israélienne le Général en chef Eliezer Shkedi, était en visite sur une base sur la côte de la ville de Herzeliya la semaine dernière. Pour le général, âgé de 50 ans, qui est aussi à la tête du commandement d'Israël pour l'Iran, qui se battrait contre Téhéran si on lui en donnait l'ordre, cette visite était une affaire pour soutenir le moral, pour rencontrer et féliciter des pilotes et des navigateurs qui ont mener des missions l'été dernier au Liban. Les journalistes venus nombreux étaient présents pour une autre raison : poser des question à Shkedi sur le raid mystérieux survenu ce mois ci, dont le nom de code était « Orchidée » mené en profondeur en territoire syrien par ses pilotes.

Shkedi a ignoré toutes les questions. C'est le cadre qui a été fixé pour les jours à venir, lui, les politiciens israéliens et les responsables gardant un silence total même quand les questions ont été posées par le ministre des affaires étrangères français en visite Bernard Kouchner. Ces journalistes qui espéraient rapporter l'histoire ont été découragés par la menace de la censure militaire israélienne.

Mais les rumeurs circulaient non seulement en Israël, mais à Washington et ailleurs. Les jours qui ont suivi, les détails esquissés du raid sont apparus accompagnés de revendications contradictoires alors même que les dirigeants US et britanniques avouaient avoir été au courant du raid. Le New York Times a décrit la cible du raid comme un site nucléaire dirigé en collaboration avec des techniciens de la Corée du Nord. D'autres on rapporté que les avions avaient touché un convoi destiné au Hezbollah, une installation de missiles ou un camp terroriste.

Dans la confusion, des détails troublants ont émergé s'accordant mal avec les faits connus. Deux réservoirs détachables d'un avion de combat israélien ont été trouvés juste de l'autre côté de la frontière Turquie Syrie, en territoire turc. Selon des sources militaires turques, ils appartenaient à un Raam F151 – la nouvelle génération de bombardier longue distance israélien qui a une trajectoire de combat de plus de 2000 Km quand il est équipé des réservoirs qui ont été largués. Cela offre la possibilité de cibler l'Iran, menant à la spéculation que c'était une « opération de répétition » pour un raid sur les installations nucléaires de Téhéran.

Cependant, à la fin de la semaine, finalement les premiers détails tangibles ont commencé à émerger sur l'Opération Orchidée d'une source impliquée dans l'opération israélienne. Ces détails restaient vagues mais une chose était absolument claire. Loin d'être une incursion mineure, le survol israélien de l'espace aérien de la Syrie à partie de son allié la Turquie était une affaire beaucoup plus importante car au moins 8 avions de combat y ont pris part dont des F15 ultra modernes et des F16 équipés de missiles Maverick et des bombes de 500 livres. Volant au dessus des avions de combat israélien à haute altitude, The Observer peut révéler qu'il y avait un ELINT – un avion de combat équipé de matériel électronique pour le recueil de renseignements.

Ce qui est devenu clair le week-end malgré un grand scepticisme, en provenance de sources liées à l'administration du président George Bush, c'était la nature de l'allégation, si non des faits.

Dans une série de fuites fragmentées faites par des responsables US, donnant l'impression d'être bien coordonnées, un récit a été fait combinant magouille nucléaire et les membres survivants de « l'axe du mal » : Iran, Corée du Nord et Syrie. Ce récit a aussi mélangé toute une série de préoccupations de politique étrangère néo cons : que la Corée du Nord n'était pas correctement contrôlée dans le cadre de l'accord de son désarmement nucléaire et se débarrassait de son matériel auprès de l'Iran et de la Syrie, tous deux aidant le Hezbollah à se réarmer. Sous jacent à toutes ces accusations il y avait une suggestion rappelant les affirmations mensongères du renseignement qui ont conduit à la guerre contre l'Irak : que les trois pays pourraient collaborer pour fournir des armes non conventionnelles au Hezbollah.

Ce n'est pas seulement le raid qui est bizarre, mais ironiquement, le mystère délibéré qui l'entoure, sachant que par le passé Israël s'est toujours vanté de raids similaires, dont une attaque sur le réacteur irakien. C'était un secret tellement bien gardé, qu'en fait alors même que les équipages des avions israéliens montaient dans les cockpits de leurs avions, on ne leur a pas révélé la nature de leur cible qu'on leur demandait d'attaquer.

Selon un expert en matière de renseignement, cité dans le Washington Post qui a parlé avec les équipages impliqués dans le raid, la cible de l'attaque, révélée aux pilotes seulement alors qu'ils étaient en vol, était une installation située dans le nord de la Syrie dénommée comme centre de recherche agricole sur la rivière Euphrate près de la frontière turque.

Selon cette version des évènements, un bateau nord coréen, officiellement transportant une cargaison de ciment, a accosté 3 jours auparavant le raid dans le port syrien de Tartus. Ce bateau était supposé aussi transporter du matériel nucléaire.

C'est un angle de vue poussé avec force sur le devant par les néo conservateurs faucons et l'ancien ambassadeur US auprès de l'ONU, John Bolton. Mais d'autres sont entrés dans la bataille et parmi eux la secrétaire d'état US Condoleezza Rice, qui, sans mentionner la Syrie de nom, a suggéré sur Fox télévision que le raid était lié à la campagne pour stopper la prolifération d'armes non conventionnelles.

De tous, le plus explicite a été Andrew Semmel agissant en tant que vice assistant de la secrétaire d'état sur la politique de non prolifération nucléaire, qui, parlait à Rome hier, et qui a insisté que les « nord coréens étaient en Syrie » et que Damas pouvait avoir eu des contacts avec des « fournisseurs secrets » pour obtenir des équipements nucléaires.

« Il y a des indicateurs qu'il y a quelque chose qui se passe là bas » a-t-il dit. « Nous savons avec certitude qu'il y a un certain nombre de techniciens étrangers qui ont été en Syrie. Nous savons avec certitude qu'il y a pu y avoir des contacts entre la Syrie et quelques fournisseurs secrets d'équipement nucléaire. Que quelque chose ait transpiré cela reste à voir. »

« Donc une bonne politique étrangère et une bonne politique de sécurité nationale cela suggère que nous prêtions une attention rapprochée à cela » a-t-il dit. » Nous observons de très près. Manifestement les israéliens observaient de très près. »

Mais malgré la gravité d'une telle conclusion, aucun officiel n'a fait jusqu'à présent d'accusation directe. Au lieu de cela ils ont encadré leurs affirmations de si et de mais, évitant avec assiduité le terme d' »armes de destruction massive. »

Il y a eu aussi un scepticisme profond lié aux affirmations d'autres fonctionnaires et d'anciens fonctionnaires familiers avec à la fois la Syrie et la Corée du Nord. Ils ont fait remarquer qu'une Syrie presque ruinée n'a ni la base économique ni la base industrielle pour soutenir ce type de programme nucléaire décrit, ajoutant que la Syrie a longtemps rejeté de suivre la voie du nucléaire.

D'autres ont fait remarquer que la Corée du Nord et la Syrie de toute façon ont une longue histoire de liens étroits – ce qui fait que l'affirmation que des nord coréens sont en Syrie n'a aucun sens.

Le scepticisme s'est reflété chez Bruce Reidel, un ancien fonctionnaire du renseignement à l'Institution Brookings du Centre Saban, cité par le Post : « c'était une opération israélienne importante mais je ne peux pas déterminer si la cible était quelque chose de nucléaire », ajoutant qu'il y avait beaucoup de scepticisme quant à l'aspect nucléaire dans cette histoire et qu'au lieu de cela l'installation pouvait être liée à des armes chimiques ou biologiques.

L'opacité qui entoure la nature de ce qui a pu être touché dans l'Opération Orchidée a cru du fait que les affirmations concernant la connaissance des US de cette soi disante « installation agricole » n'est pas venue de ses propres sources de renseignements ou imagerie satellite, mais d'informations fournies à Washington par Tel Aviv ces derniers six mois, renseignements auxquels n'ont eu accès que seulement quelques hauts fonctionnaires suivant les instructions du conseiller à la sécurité nationale Stephen Adley, laissant beaucoup dans la communauté du renseignement douter de leur véracité.

Quelque soit la vérité sur les allégations concernant la Syrie – et Israël a un long passé d'utilisation de méthodes complexes de tromperie pour ses opérations – le message délivré par Tel Aviv est clair : si l'allié de la Syrie, l'Iran se rapproche de l'acquisition de l'arme nucléaire, et que le monde échoue a l'en empêcher, que ce soit par des moyens diplomatiques ou militaires, alors Israël stoppera l'Iran elle-même.

Donc l'Opération Orchidée peut être vue comme une répétition, un raid utilisant les mêmes avions de combat modifiés longue distance fournis spécifiquement par les US avec dans l'esprit les installations nucléaires iraniennes. Israël rappelle à la Syrie et en même temps à l'Iran sa suprématie aérienne et cela semble conçu pour dissuader la Syrie de s'impliquer dans l'éventualité d'un raid contre l'Iran – un rappel, si besoin est que les forces terrestres israéliennes ont été humiliées lors de la seconde guerre du Liban mais que son aviation reste forte, puissante, et ne peut être défiée.

Et dramatiquement, le raid sur la Syrie se présente comme une spéculation que la guerre contre l'Iran a commencé à refaire surface après un été plutôt calme.

Avec les US s'empressant de pousser pour une troisième résolution du Conseil de Sécurité autorisant une nouvelle tranche de sanctions contre l'Iran, à la fois Londres et Washington attisent le feu en alléguant qu'ils combattent déjà une « guerre de proxy » avec Téhéran en Irak.

Peut être que ce qui est plus inquiétant ce sont les affirmations de sources sûres de boîtes à idées néo cons aux US qu'il y a eu des « instructions « données par le vice président Dick Cheney pour accroître le soutien d'une guerre contre l'Iran.

Finalement il n'y a pas de mystère. Seulement un rappel effrayant. Dans un monde de menaces et d'actions par proxys interposés, la menace d'une action militaire contre l'Iran est loin d'avoir disparu de l'agenda.

Peter Beaumont 16/09/07 The Observer/Guardian unlimited

Traduction Mireille Delamarre pour
www.planetenonviolence.org


Lundi 17 Septembre 2007

Peter Beaumont

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